Curé BEGEL

  • Année 1849 

L’abbé BEGEL  curé de Laitre sous Amance, était membre de la Société d’Archéologie.
Il y avait beaucoup de beau monde dans cette société !!!

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Archives de la commune de Laître sous Amance, lettre à Mr le Préfet du département de la Meurthe, enregistrée le 22n octobre 1860.

Monsieur le Préfet,

La commune de Laître sous Amance possède trois cloches qu’elle a acquises en 1808 et qu’elle a affectées, tant au service civil, qu’aux usages de la religion catholique.

Depuis cette époque, on s’est servi d’une de ces cloches pour réunir les enfants en classe, c’est à dire qu’au moyen de quelques coups, on annonçait l’entrée de l’école à 8h du matin et à 1h du soir.

Mais lundi dernier, 15 de ce mois, et sans que l’on en sache la raison, Mr l’abbé Bégel, desservant de cette commune, a interdit à l’instituteur communal l’entrée du clocher et lui a expressément défendu de sonner dorénavant pour l’entrée son l’école.

Si l’on considère, Monsieur le Préfet, que cette coutume d’annoncer l’heure des classes est généralement en usage dans toutes les communes rurales depuis un temps immémorial ; que la commune est dépourvu d’horloge de paroisse; que dans beaucoup de ménages il n’existe point de pendule ou quelquefois une fort mauvaise, on concevra facilement l’étrangeté de la mesure que vient de prendre M. l’abbé Bégel et les embarras qui en résultent  pour les familles et pour l’instituteur.

C’est avec un véritable regret, Monsieur le préfet, que je me vois forcé de porter devant vous cette plainte contre M. l’abbé Bégel ; il a fallu les réclamations incessantes des habitants pour m’y résoudre, et d’un autre côté, je suis profondément  peiné  de me trouver dans la nécessité de rechercher les motifs d’une conduite aussi bizarre.

Depuis plusieurs années et pendant tout le temps qu’à durée l’administration de mon prédécesseur, M ; l’abbé Bégel s’est constamment et publiquement montré en opposition avec l’autorité municipale ; il a toujours cherché à lui faire subir toutes sortes de vexations et je puis même dire d’affronts ; jamais il n’a cessé de déclamer contre les actes   de mon prédécesseur et de son conseil et cependant il est impossible de montrer plus de prudence et de précaution que mon prédécesseur en a eu à son égard.

Je me bornerai à citer un seul fait pour mieux faire comprendre la bizarre conduite de M. Bégel.
Pendant  le mois de juin dernier, mon prédécesseur avait reçu l’ordre de se concerter avec M. l’abbé Bégel pour le chant d’un Te Deum en réjouissance de l’annexion de la Savoie à la France. Après s’être refusé à recevoir toute communication de mon prédécesseur, M. l’abbé Bégel a hautement protesté contre le chant d ce Te Deum en se retirant de l’office au moment où il devait commencer et en injuriant publiquement sur la place les personnes qui avaient été chargées, comme il est d’habitude, de sonner pendant le chant dont il s’agit, se faisant ainsi l’organe d’un scandale aussi honteux que public et ne craignant pas de se montrer dans les paroles et les actions que la colère lui faisait échapper, tout à fait hostile au gouvernement. Il faut que M. l’abbé Bégel ait perdu tout sentiment de sa dignité pour s’abandonner à des actes aussi violents et aussi coupables.

De plus, il a annoncé l’intention formelle de s’opposer à tout usage de la sonnerie pour le service civil, qui consiste à sonner pendant quelques minutes les jours de fêtes nationales.

Vous pouvez facilement concevoir, M. le préfet, tout ce que de semblables procédés ont de honteux, si j’ose m’exprimer ainsi, et combien il est difficile à l’administration municipale de supporter patiemment toutes les injures qu’elle voit dirigée  contre elle et cependant qu’elle ne mérite pas.
D’un autre côté, l’éducation de la jeunesse se trouve gravement compromise au milieu de toutes ces circonstances fâcheuses et c’est toujours avec peine que les parents se voient obligés de laisser leurs enfants aux instructions de M. l’abbé Bégel.

J’ai donc l’honneur de vous prier, Monsieur le Préfet, de vouloir bien faire donner l’ordre à l’instituteur d’annoncer l’entrée de ses classes comme par le passé  et d’intervenir pour que des instructions précises soient données à M. l’abbé Bégel et s’il est possible qu’il obtienne un changement de résidence.

Cette dernière mesure est le désir de la généralité de ses paroissiens de Laître sous Amance.
C’est pourquoi j’ai cru devoir déposer copie de la présente à l’évêché.

Je suis avec respect,

Monsieur le Préfet,

Votre très humble
et très obéissant serviteur.

Le maire de Laître,

(signé) Raison.  

Laître sous Amance, le 20 octobre 1860